Le massif de Montserrat est une forêt d'aiguilles de conglomérat proche de Barcelone. Un secteur exceptionnel, qui a marqué toute l'histoire de l'escalade catalane. Les possibilités d'escalade y sont infinies. L'équipement est le plus souvent engagé et on peut facilement trouver des points tous les 10m dans des voies décrites comme bien équipées par le topo. Dans les grandes voies que nous avons parcourues, la longueur la plus dure peut souvent passer en A0 mais dès qu'il ne s'agit pas de la longueur la plus difficile il faut être franchement au dessus du niveau pour grimper sans se faire peur, ce d'autant plus que les points, parce qu'ils sont éloignés, sont difficiles à repérer au milieu de ce rocher kaléidoscopique. Les relais sont souvent bien protégés par un point proche, c'est après ce premier point que ça peut s'espacer beaucoup. Il est de plus très difficile, dans les voies équipées, de compléter un équipement que l'on trouverait insuffisant, les protections étant difficiles à poser dans un rocher compact.
Le rocher est magnifique, très sain et très intéressant à grimper, en raison de la multiplicité de solutions possibles à chaque instant. La lecture est, au début, tout sauf évidente en raison du caractère original de ce rocher, auquel on s'habitue cependant rapidement.

Première ascension par la voie normale le 27 octobre 1935 par Carles Balaguer, Josep Boix et Josep Costa.

PUNSOLA RENIU. Grande classique qui permet de gravir cet imposant monolithe qui s'impose au regard de très loin. Ouverture en 1971 par Manel Punsola, Jesus Reniu. Rééquipement en 1990 par Armant Ballart pusi en 2006 par David Tarrago permettant à beaucoup de cordées non aguerries de se lancer. Grande ambiance assurée et grimpe variée avec passages en dalle, fissure, dévers, murs à prises fuyantes et traversée vertigineuse...
10/2024 premier dimanche de notre roadtrip; c'est jour de pause pour Valérie et Stéphane en profite pour nous offrir cette classique. On se gare à côté de l'église Santa Cecilia à 9h. 100m avant le parking, un chemin rejoint le GR172 qu'on suit vers l'Est. Après environ 30 minutes on arrive sous le Cavall et on remonte le lit de ruisseau asséché et très parcouru, dont le départ est marqué par un arbre en travers, un point vert fluo sur une branche coupée et un peu plus loin des consignes concernant la sécurité des lieux. Il monte droit sur la gauche du socle du Cavall. La montée est raide et exposée car il n'y a plus de cordes fixes.
L1 (3c) 30m Aucun équipement. On aura contourné ce passage par la gauche le long d'une fissure arborée pour se retrouver sur le R1 équipé. Une cordée devant nous. Une autre derrière qui fait cette longueur en chaussures d'approches tranquille sans se poser de question.
L2 (4c) 50m Dalle facile, points très espacés et difficiles à distinguer au milieu de cette mosaïque de galets. 4 ou 5 points sur 50m, c'est mental comme grimpe. C'est donc notre Stéphane béret qui s'y colle et qui se permet même de rater un ancrage. Chaud. En second, pas de souci, l'escalade est très agréable.
L3 (4c) 30m Légèrement plus vertical que L2. L'équipement devient normal d'après le topo. Je passe donc devant mais je ne trouve pas l'équipement rapproché du tout. Quand je ne vois pas le point suivant alors que j'ai les pieds deux mètres au-dessus du précédent, ma tête râle. C'est facile mais vraiment très exposé et je prends sur moi pour rejoindre le relais. Content quand même d'avoir fait une longueur en tête.
L4 (5c) 35m La difficulté monte d'un cran mais la longueur est mieux protégée et quelques prises tiennent bien. C'est au tour de Christophe de faire sa longueur. Il rejoint un dièdre fissuré avec un petit surplomb à passer plus impressionant que difficile. Bien sympa en second. R4 un peu à droite sur le fil du pilier.
L5 (6a) 15m Cette longueur est plus technique et assez délicate. Stéphane béret reprend les commandes qu'il gardera jusqu'en haut.
L6 (6c) 30 m Après 10 m environ d'approche en 6a soutenu, on attaque une bonne section de continuité sur petites prises presque jusqu'à R6 (6c ou 6aA0, échelle de goujons). Enchaînée par Steph. Début de longueur tranquille qui passe très agréablement en libre avant une section nettement plus sévère dans laquelle je me résigne à tirer sur les sangles de dégaines.
L7 (6c+) 15 m Longueur plus courte mais bien soutenue avec de mauvaises prises et du placement (6c+ ou 6aA0, échelle de goujons). R7 à gauche sous le bombé. Encore un peu plus dur et Steph enchaîne en libre; oh yeah !
L8 (6a+) 35 m Traversée sur la droite plein gaz avec un pas fin et technique pour changer de face puis moins difficile dans une magnifique dalle à galets. R8 sur de vieux ancrages sous le petit mur final mais il vaut mieux franchir le petit mur final pour aller faire relais sur la statue de la vierge. Traversée sans problème pour Steph mais un peu plus dur pour cricri et moi. La suite est plus tranquille et bien agréable jusqu'à dépasser un premier vieux relais pour franchir un petit mur et trouver la statue sommitale.
Descente Un premier court rappel depuis le sommet sur deux curieux gros ancrages. On aurait pu utiliser l'amarrage sur la vierge. On s'arrête sur la vire 20m dessous sur le beau relais chaîné de la voie normale et on retourne au sol avec 50m.
Petite pause puis on choisit de partir vers le Nord pour retrouver la voiture. Un peu de bartasse puis on rejoint le chemin de Sant Jeroni puis on s'impose une grosse mission avec la descente du canal Sant Jeroni jusqu'à l'église Santa Cécilia. Le tracé est très raide et ravagé par les coulées d'eau. On arrive à la voiture bien rincés. Retour au beau bivouac park4night qui fait face au massif. Un sapin au-dessus d'une large dalle de pierre permet de suspendre serviettes bidon d'eau et affaires propres pour une bonne douche. Repas du soir avec des trompettes des Maures dans une fondue savoyarde; miam. Un peu de lightpainting et au lit !

10/2024 suite de notre roadtrip avec Valérie, Steph et Christophe. On quitte notre bivouac cinq étoiles face au massif pour trouver de la place de parking gratuite pas trop loin du monastère. Petit déjeuner là-haut puis on remonte le très long parking payant en profitant de la vue et ambiance incroyable. On s'offre un tour en funiculaire et on se lance à la recherche du projet du jour, l'Intégral d'en pitu i la nuri, une apparemment jolie voie d'initiation qui ne dépasse pas le 6a+ avec un équipement abondant.

INTEGRAL D'EN PITU I LA NURI. 10/2024 Les sites webs qui documentent cette voie décrivent un accès un peu plus long façon jeu de piste. On croyait s'en sortir mais une fois sur place tout se ressemble et on ne trouvera jamais la voie.

Le sentier aménagé (Camí Nou) qui mène du monastère au point culminant du massif (Sant Jeroni) coupe la base du monolithe de la Gorra Frigia, sur sa face NNE. On y accède très rapidement depuis l'arrivée du funiculaire. La Gorra Frigia offre un poudingue solide et une descente aisée.
10/2024 À gauche de la croix en métal dans la Del Carles (5c) pour Stéphane et Valérie, Opéra Prima pour Christophe et moi.

OPERA PRIMA 6a 145m P1 E2 Ouverture le 21 juillet 1985 par Guillem Arias, E. Fabra et M. Pedro puis rééquipement par Guillem Arias. C'est une belle voie à l'équipement hétérogène en densité en fonction des longueurs.
On monte vingt mètres dans le couloir qui mène au col entre le Gorro Frigi et la Magdalena Superior et on trouve rapidement sur la paroi de droite 2 plaquettes jaunies assez rapprochées qui matérialisent l'attaque. 
L1 (4c) 25 mètres. Deux points rapprochés pour s'élancer puis ça s'éloigne beaucoup; beaucoup trop pour moi et même si l'escalade n'est pas difficile, je n'aime pas ça et je rejoins le relais ronchon.
L2 (5) 25 mètres. Cricri prend la suite et gère l'engagement bien mieux que moi. Petit bombé à gauche puis dalle.
L3 (5+) 30 mètres. Je me motive pour y retourner et je fais bien car le plaisir revient avec le mur qui se redresse et les ancrages qui se rapprochent.
L4 (6a) 20 mètres. Départ slalomant et technique dans deux petits dévers se succédant immédiatement l'un à l'autre; assez soutenu; succession de pas de bloc un peu physiques. Peut se passer en A0 vue la densité de l'équipement sans aucune commune mesure avec les deux premières longueurs, à l'équipement aéré. Christophe s'en sort très bien en tête. J'ai plus de mal mais j'ai bien aimé quand même.
L5 (5+) 45 mètres. Départ raide en dièdre très sympa. Je retrouve Valérie dans une voie à droite. La voie termine dans une dalle très couché où on cherche les points mais je trouve ça moins stressant que dans L1. Je n'ai pas obliqué à gauche à la fin mais ça passe bien en restant dans l'axe. Relais sur la croix confortable avec une grande sangle ou en utilisant sa corde.
Descente On suit de vagues cairns qui mènent rapidement en main gauche à un premier rappel. On voulait n'utiliser qu'un seul brin mais c'est un peu galère; mieux vaut utiliser la corde à double pour rejoindre le col en deux rappels. On descend ensuite dans le couloir de départ avec une ou deux cordes fixes en place pour aider dans les passages raides.
10/2024 Retour au funiculaire pour trouver Gustin, petite promenade autour du monastère dont l'entrée est désormais payante. Route jusqu'à Leida pour un restaurant, The garden avec les meilleures bravas du séjour, puis une heure de route de plus pour un park4night du côté du Rio Vero au milieu des oliviers.

DEL CARLES (5c) Par Valérie et Stéphane 10/2024. - Stéphane 10/2024.